L'ombre de Chevardnadze rôderait...

Publié le par sophie tournon

L'ancien président géorgien Edouard Chevardnadze a déclaré récemment, lors d'une interview transmise par la chaîne "Imedi", qu'à la place de Mikhéil Saakachvili, en cas de manifestation massive, il démissionnerait. Ces paroles apparaissent autant comme une critique politique lancée contre l'ancien disciple et ministre de Chevardnadze, qu'une note d'humour cynique, car il fait clairement allusion aux manifestations qui portèrent M. Saakachvili au pouvoir et qui précipitèrent la chute du "vieux renard" (Georgia Times, 03.04.2009).

L'homme de 81 ans, retiré dans sa résidence sur les hauteurs de Tbilissi, affirme ne pas vouloir revenir en politique : "Je suis à la retraite et je ne vois ni personnalité ni politicien géorgiens. Les rumeurs sur mon retour à la vie politique ou au pouvoir sont infondées, ce sont des contes." La critique de l'actuel président ne rangerait pas mécaniquement Chevardnadze parmi l'opposition, qu'il n'épargne pas plus : "Les exigences de l'opposition n'entrent pas dans le cadre de la loi ni dans celui des normes internationales." Ceci peut-être parce qu'il a été trahi par l'actuelle principale opposante Nino Bourdjanadze, qui a elle aussi été une de ses plus proches collaboratrices en tant qu'ancienne présidente du Parlement, sous son mandat.

Mardi 3 avril, un député de la majorité a toutefois laissé entendre que le "vieux renard gris" serait de nouveau tenté par la politique, mais en vain. L'entourage de Chevardnadze, à l'en croire, serait "assoiffé de vengeance", ce qui expliquerait que les leaders de l'opposition, tous plus ou moins liés à l'ancien président, refusent systématiquement les propositions de dialogue de la majorité. Toutefois, l'opposition ne rejette pas le débat sous certaines conditions : de lieu - à la télévision - et de thèmes à aborder - politiques, économiques et sociaux. Eka Besselia, secrétaire générale du parti "Pour une géorgie unie", l'affirme en ces termes : "Nous accepterons le dialogue uniquement avec Mikhéil Saakachvili et seulement en direct".

Cenpendant, l'opposition est loin d'être unie, certains ont en effet accepté de prendre la main tendue par le gouvernement (Civil Georgia, 02.04.2009). Ainsi, Dmitri Chachkin, ministre des Peines, a été dépêché par le président pour nouer des liens avec les partis d'opposition ouverts au dialogue. Trois députés de la minorité ont répondu : le chrétien-démocrate Levan Vepkhvadze, vice-président du parlement, le député du parti "Nous-mêmes" Dmitri Lortkipanidze, le député du parti "National Démocrate" Gouram Tchakhvadze ainsi que le leader de ce même parti Batchouki Kardava. Etaient aussi présents Koki Ionatamichvili de l'organisation "Nouvelle génération - nouvelle initiative" et l'expert Sosso Tsintsadze.
M. Vepkhvadze a déclaré aux médias que les futures rencontres devraient se dérouler au patriarchat afin que les décisions qui y seraient prises reçoivent un tampon moral indélébile. Autre condition exigée : la présence des leaders des partis politiques, dont M. Saakachvili, chef du "Mouvement national". Les sujets à débattre sont ceux soulevés par l'oppostion : la crise économique et l'emploi, la sécurité et les réformes démocratiques.

A l'issue de ce premier contact, le ministre Chachkin a déclaré qu'un Conseil de coordination serait créé afin de poursuivre les réflexions et le dialogue avec l'opposition. Une prochaine rencontre est prévue le 6 avril.

Publié dans Politique intérieure

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Tan qu'il n'est pas six pieds sous terre, un homme ploitique n'est pas mort. Cela est aussi valable pour les dinosaures du communisme.
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