L'opposition se prépare pour ce soir

Publié le par sophie tournon

Dès hier, l'opposition a disposé sur l'avenue Roustaveli des « cellules » (voir photo), symboles d'après eux de la prison qu'est devenue la Géorgie de Saakachvili. Levan Gatchetchiladze, un des leaders de l'opposition, a menacé qu'en cas de non démission du président, une « tente-ghetto » serait érigée.


Le frère du leader, le chanteur Guiorgui Gatchetchiladze, plus connu sous son pseudonyme « Outsnobi »  (l'Inconnu), a fait une apparition le 21 avril dans une de ces cellules placée face à la mairie de Tbilissi, afin d'encourager les actions de l'opposition (Civil Georgia, 21.04.2009). Ce faisant, il a dû quitter provisoirement sa propre « cellule » aménagée en studio, dans laquelle il vit depuis plusieurs semaines sous les caméras de la chaîne d'opposition « Maestro ». Cette « cellule n°5 » est à l'origine des cellules symboliques reprises par les opposants au président.


Le mouvement contre le gouvernement cherche à se déployer en invitant les régions à manifester ouvertement. Ainsi, à l'instar de bien d'autres, Constantin Gamsakhourdia, fils de l'ancien président et leader du parti d'opposition « Liberté », cherche à rassembler quelques milliers de partisans à se soulever en Mégrélie, pour se diriger vers la capitale (Apsny, 22.04.2009). Entre 100 et 300 de voitures issues de différentes régions et formant une colonne se dirige déjà vers Tbilissi (Apsny, 22.04.2009). Un millier de voitures est attendu ce soir dans le centre de la capitale pour une action d'envergure (Newsgeorgia, 22.04.2009).

De l'avis de l'opposant Irakli Alassania, « On ne peut plus reculer », la seule question en jeu est celle de la démission du président, a-t-il déclaré. « Nous ne luttons pas contre un individu. Notre but est de changer le système actuel. Si le pouvoir fait des propositions allant dans ce sens, nous les accueillerons, car notre objectif principal est le changement du système et la création d'organismes véritablement démocratiques. » Mais, déplore-t-il, les propositions de dialogue de la part des autorités ne sont que comédies peu crédibles. De son côté, le président du parlement Davit Bakradze a dénoncé hier la radicalisation poussée des opposants qui refusent tous les compromis et toutes les propositions de dialogue, alors que le gouvernement a promis d'engager des réformes répondant à leurs demandes (Civil Georgia, 22.04.2009).


Le député Davit Dartchiachvili abonde dans ce sens et répète que toutes les questions peuvent être abordées, sauf celle irrecevable de la démission du président. Il estime qu'une partie des leaders de l'opposition est désormais prisonnière de cet ultimatum radical. A propos des accusations concernant des cas de meurtres restés non élucidés, il ajoute : « Aucune démocratie n'a été punie pour de telles [affaires criminelles non résolues]. La manifestation ne peut se substituer au tribunal, même si les jugements de ce dernier ou si ses représentants ne nous plaisent pas. » Il a par ailleurs félicité le ministère de l'Intérieur pour avoir enfin « mis la police au service de l'ordre public ». Rappelons que le ministre de l'Intérieur est l'une des personnalités décriées par les opposants. (Civil Georgia, 22.04.2009).


Ce soir, l'opposition se prépare à un coup de force spectaculaire, tout en craignant en partie une riposte de la part des autorités. Certains font courir le bruit que les autorités prépareraient une action « sanitaire » contre ces manifestations (Rosbalt, 22.04.2009).


Notons qu'aujourd'hui, le premier ministre s'est rendu au Turkménistan au sommet de l'énergie sous l'égide de l'ONU et pour aborder le projet gazier Nabucco, et que le président du parlement se trouve à Vienne, en Autriche, pour recevoir un prix de la Banque mondiale pour les réformes économiques menées en Géorgie depuis 5 ans (Newsgeorgia, 22.04.209). 

 

 

Publié dans Politique intérieure

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