Le paradoxe abkhaze, selon un observateur de l'UE

Publié le par sophie tournon

Article découvert sur le blog de Nicu Popescu, spécialiste au Conseil de l'Europe des Relations étrangères.

 

« IKEA et le paradoxe abkhaze »

 

« En Abkhazie, l'impératif économique de la reconstruction de la région et d'attraction des investissements (essentiellement russes) se heurte au projet politique d'être plus ou moins indépendant. L'Abkhazie pourrait se retrouver face à un paradoxe : avant août 2008, l'Abkhazie était indépendante de facto mais pas reconnue, aujourd'hui, elle est reconnue (par les seules Russie et Nicaragua) mais plus indépendante de facto. La fin de la mission de la MONUG annoncée ce jour laissera l'Abkhazie encore plus isolée qu'auparavant. »


L'auteur, qui avait déjà visité l'Abkhazie en mars 2006, retrouve une capitale (Soukhoumi) plus vivante et gaie : signe qu'elle se relève économiquement, mais aussi que l'été approche.

Il rappelle l'incident subi par Benetton Turquie, qui a dû fermer son enseigne abkhaze sous la pression de la Géorgie. Pourtant, M. Popescu assure avoir remarqué des boutiques improvisées Zara, Mango et même IKEA! Il ne s'agit pas de représentations officielles, prévient-il, mais d'officines ouvertes par des hommes d'affaires qui font la navette entre la Russie et la Turquie et importent en Abkhazie.

 

Bien que la capitale compte encore un grand nombre de bâtiments détruits, des chantiers pullulent. Cela ne peut cependant cacher l'état de délabrement de l'économie de cette région qui, riche en fruits et légumes, doit désormais les importer. Malgré tout, selon les observations de M. Popescu, l'optimisme règne, et la présence des troupes russes en charge de la sécurité ne peuvent que rassurer les investisseurs.

Contre-partie de ce semblant de sérénité, les Abkhazes vivent dans la crainte d'être à terme « avalés » par la Russie. Au niveau économique, le vaste chantier de Sotchi, qui doit accueillir les JO prochainement, est gourmand en matières premières venues de l'Abkhazie voisine. Par ailleurs, l'auteur pose la question de la population ethniquement abkhaze, qui ne compte que pour un tiers de la population de la région, et qui sera encore plus minoritaire une fois les soldats russes et leurs familles installées...


Et M. Popescu de conclure : « La nécessité de trouver un équilibre entre l'intégration à la Russie et le maintien d'une certaine distance vis-à-vis de la Russie passe par pratiquement tous les domaines économiques, sociaux, politiques, démographies et environnementaux de la région. Un tel équilibre est probablement impossible à trouver. »

 

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